Les mythes de la seconde guerre mondiale 1 by Jean Lopez

Les mythes de la seconde guerre mondiale 1 by Jean Lopez

Auteur:Jean Lopez [Lopez, Jean]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Seconde Guerre mondiale
Éditeur: Perrin
Publié: 2016-12-07T23:00:00+00:00


La part des Français

Ce constat remet-il pour autant en cause l’utilité d’Anvil-Dragoon par rapport aux autres options possibles, à commencer par la percée en Istrie, appelée de leurs vœux par les responsables britanniques ? Les difficultés militaires alliées en Normandie en juin-juillet 1944 laissent entrevoir le risque que les Alliés occidentaux auraient pris en dispersant des forces supplémentaires en Italie. Churchill lui-même est bien obligé d’admettre qu’Anvil-Dragoon « apporta une aide importante au général Eisenhower en amenant une nouvelle armée sur son flanc droit et en lui ouvrant une ligne de communication dans cette région [25] ».

Renoncer à Anvil faisait aussi prendre le risque aux Alliés de se passer des 7 divisions françaises armées et entraînées par eux, et aguerries par les combats menés au sein du corps expéditionnaire français en Italie. En effet, en décembre 1943, de Gaulle a arraché, contre l’envoi de ces forces en Italie, l’engagement de la part des Alliés que toutes les troupes françaises seraient employées dans les opérations prévues en métropole. Les débats de l’hiver et du printemps 1944 autour de l’annulation d’Anvil ont toutefois fortement inquiété les Français, exclus des négociations, et en mars Giraud puis de Gaulle ont accepté de fournir des unités supplémentaires pour nourrir le front italien tout en insistant sur « l’importance, pour les Français, de la bataille de France [26] ». La prise de Rome a renforcé l’impatience des Français, et l’entrevue du 27 juin 1944 entre de Lattre et le général américain Patch illustre les risques qu’auraient pris les Alliés à ne pas honorer leurs engagements vis-à-vis des Français. Alors que Patch annonce qu’en cas d’annulation de l’opération Anvil les Français suivraient la VIIe armée américaine « sur le théâtre d’opérations où cette grande unité serait engagée, sans doute alors sur le front Italien, en direction de l’Autriche », de Lattre proteste violemment et déclare qu’« aucun soldat français ne sera envoyé sur un autre théâtre d’opérations que celui prévu et décidé [27] ». Les Alliés – y compris les Britanniques – ont en réalité bien conscience que « les Français s’opposeront farouchement à tout emploi du CEF dans les combats à venir sur la ligne Pise-Rimini [28] ». Or, à l’été 1944, les Anglo-Américains, entrés en France, ne peuvent plus faire l’économie du soutien du Gouvernement provisoire de la République française dont la légitimité est reconnue par l’essentiel de la population métropolitaine.

Enfin, Eisenhower compte sur l’appui des maquis, particulièrement actifs dans le sud-est de la France. D’autant que la résistance intérieure a fait ses preuves lors du premier débarquement. Or, le concours des maquis du sud-est de la France serait largement facilité par la présence d’unités régulières françaises lors du débarquement [29].

Mauvaise décision ? Le débarquement de Provence fut surtout une décision sous contrainte, qui montre les difficultés matérielles mais aussi tactiques auxquelles sont alors confrontés les décideurs anglo-américains, contredisant l’image d’un arsenal des démocraties inépuisable et d’une défaite inéluctable de l’Allemagne nazie. Elle traduit aussi un nouveau rapport de forces au sein de la coalition



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.